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thématique

Qui me regarde ?

REZ-DE-CHAUSSÉE

Le corps dans l’art dépend du regard qu’on lui porte. Qui choisit-on de représenter dans notre environnement visible ? C’est la perception, conditionnée par les évolutions de nos mentalités qui va édicter aux artistes le choix des sujets et des formes qu’ils vont prendre. Qui observe qui ? Les yeux de Tony Oursler semblent nous espionner, tandis que la Justine de Daniel Firman, se dérobe à notre regard.

 

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Daniel Firman Justine 2nd mouvement - 2020
Courtesy Ceysson & Bénétière
Photo © Aurélien Mole

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Niki de Saint Phalle Mini nana acrobate - 1969-1971
Collection privée © 2024 Niki Charitable Art Foundation / Adagp, Paris
Photo © Christie's Images/Bridgeman Images

Mon corps est-il le mien ?

REZ-DE-CHAUSSÉE

Le corps des femmes a longtemps été soumis à un regard hétéronormé. Grâce à des artistes comme Niki de Saint Phalle et Louise Bourgeois, sa représentation a évolué vers une vision plus intérieure. Pour libérer la parole des femmes, certaines artistes se focalisent sur des parties du corps livrées au regard, tandis que d’autres dénoncent la vacuité ou la marchandisation de celui-ci. Annette Messager montre la place interstitielle et incomprise de ses désirs dans la société, Elsa Sahal, une explosion érotique, inquiétante et puissante, Prune Nourry, le pouvoir de la fertilité.

Mon corps a-t-il des limites ?

PREMIER ÉTAGE

Notre corps va au-delà de sa propre corporalité anatomique. Il est ressenti simultanément de l’intérieur et de l’extérieur, renforçant ainsi notre lien avec le monde. Le corps est incarné, peu importe la forme qu’il prend. Ainsi, il peut se dédoubler, à la fois dans un corps physique et dans un corps choisi.

Les corps représentés par Antony Gormley et Kiki Smith sont avant tout des spatialités qui ne peuvent pas vivre sans leur environnement, quant à Joel Shapiro et Sepand Danesh, ils dessinent des mouvements dans l’espace. Les silhouettes libres et stylisées de l’un, en équilibre précaire, deviennent chez l’autre des figures dansantes troublantes.

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Joel Shapiro Sans-titre - 2013-2014
Collection privée © Joel Shapiro, ADAGP, Paris - 2024
Photo © Bertrand Michau

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Nick Cave Drive-by - 2011
© Nick Cave. Courtesy of the artist and Jack Shainman Gallery, New York

L’habit ne ferait-il pas le moine ?

PREMIER ÉTAGE

Aujourd’hui, l’habit a une importance capitale dans la construction de nos identités et notre relation au monde. Porter un costume devient un acte artistique, militant et politique, qui nous sensibilise aux questions d’identité et de différences culturelles. Jeanne Vicérial propose d'arborer fièrement notre anatomie féminine, tandis que Nick Cave revendique un espace social sécurisé.

Comment représenter le mouvement ? 

PREMIER ÉTAGE

Pour réconcilier l’action de bouger (éphémère et mobile), et sculpter (éternelle et statique), les artistes vont user de l’arrêt sur image, pour nous laisser imaginer l’action. Thomas Houseago retranscrit la tension avant ou après le mouvement : sa créature vient d'atterrir ou de bondir. Elodie Antoine suggère une pirouette de danseuse infinie, Taro Izumi et Henri-François Dumont nous proposent des sièges impossibles.

Cette réconciliation du mouvement et de la sculpture peut être une critique humoristique de nos sociétés, qui voue à la fois un culte aux corps sportifs et privilégie l’automatisation et le moindre effort.

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Thomas Houseago First Steps - 2023
Collection Fondation Villa Datris © Thomas Houseago, ADAGR, Paris - 2024
Photo © Kunstgiesserei St. Gallen

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César Le Pouce - 1964-1966 
Collection privée © SBJ / Adagp, Paris 2024 
Photo © Bertrand Michau

Comment je me situe dans mon environnement ? 

DEUXIÈME ÉTAGE

Depuis l’invention de la perspective, le corps a été le mètre étalon dans l’art pictural. Mais cette notion est revisitée par des artistes qui remettent en question notre rapport à l’espace, en faisant de la mesure un élément central. Les fragments de corps démesurés de César et de Rallou Panagiotou semblent ainsi défier le monde. Mais cette démarche n’est-elle pas absurde, comme le montre Philippe Ramette dans son Sisyphe moderne ? Par souci écologique et de bien-être, ne devrions-nous pas plutôt chercher à faire symbiose avec la nature, comme le propose Giuseppe Penone, ou même à nous effacer, comme le suggère Ana Mendieta ?

Pourquoi figurer le corps ?  

REZ DE JARDIN 

La représentation réaliste revient sur le devant de la scène artistique. George Segal, Hans Op de Beeck et Guillaume Leblon cherchent à désacraliser la sculpture académique. Les codes esthétiques classiques sont utilisés pour célébrer non plus des corps idéaux, mais des corps anonymes et en leur attribuant une posture de repos, les artistes ne visent pas à les magnifier, mais plutôt à nous réconcilier avec un corps relâché et vulnérable.

Utiliser les codes classiques de représentation permet aussi de réattribuer de la dignité et de la visibilité. La sculpture peut ainsi prendre une dimension politique. Anne Wenzel milite pour la cause féministe en désacralisant la préciosité des bustes de femmes, historiquement décoratifs et Kehinde Wiley joue sur la sculpture funéraire occidentale pour dénoncer les violences faites aux Africains-Américains.

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Anne Wenzel Under Construction (Resist / Petrol) - 2023
Courtesy Anne Wenzel et Galerie Suzanne Tarasiéve, Paris 
© Anne Wenzel, ADAGP, Paris - 2024
Photo © John Stoel